Gratitude à mes maitres et enseignants


1986         
Robert Courbon  Médecin acupuncteur directeur de « L’école des pouls » à Vienne.

Tout a commencé en 1986 avec ces rencontres-là.
Robert vous étiez le directeur de « L’école des pouls », école de MTC. Nous étions, mon compagnon et moi, intéressés par la pensée et la médecine chinoise et cette école nous avait été conseillée par trois personnes différentes. Nous avons donc décidé de nous y inscrire. Zef avait déjà un petit parcours en MTC, moi j’étais complètement novice. Et si nous avions une idée de ce qu’était le Tai Ji Quan, nous n’avions que très peu entendu parler du Qi Gong.

Pendant trois ans nous avons, grâce à vous, reçu un enseignement concret durant lequel vous nous avez transmis non pas un discours théorique, mais votre longue et riche expérience de la médecine chinoise. Et personnellement, vous m’avez appris à mettre des mots sur mes ressentis, me permettant ainsi de pouvoir les exprimer et de pouvoir échanger à ce propos.

C’est en première année de formation, qu’un de vos amis Gérard Pascal est venu nous parler d’un jeune professeur de Qi Gong rencontré au Japon, Minoru Hoshino. Il l’avait invité à venir en France pour y faire découvrir cette pratique et nous étions conviés à cette rencontre si nous le désirions.
Nous y sommes allés et même si je ne le savais pas encore, c’est à ce moment-là que ma vie a rencontré mon destin.

Je vous sais gré, Robert, de m’avoir initiée à la pensée et à la médecine chinoise et de m’avoir ouvert l’esprit à une vision du monde autre que celle que m’avait transmis mes parents.
Je te sais gré, Gérard, toi qui n’es aujourd’hui plus de ce monde, de m’avoir permis de rencontrer la personne et la pratique qui allaient transformer et habiter ma vie jusqu’à aujourd’hui et probablement pour les années qu’il me reste encore à passer sur la Terre.

            

1986
Minoru Hoshino Enseignant de Qi Gong et d’arts martiaux internes à Tokyo au Japon.
Il est venu régulièrement entre 1986 et 2019, donner un enseignement en France, en Suisse et en Espagne.

Rencontre fortuite ! Si tant est que cela soit possible !
Rencontre fondatrice de mon chemin de vie.
J’avais 33 ans et à partir de cette rencontre, il y a un avant et un après. Sans que je le choisisse, un chemin s’est tracé vers une réalisation que je n’aurais jamais pu imaginer : à savoir enseigner le Qi Gong et le Tai Ji Quan et créer l’Ecole du Qi.

Tu disais de toi que tu n’étais pas un maître. Tu as pourtant été le mien, longuement, pendant 30 années, et certainement celui de quelques autres personnes, en France et en Suisse tout au moins.
Tu as quitté notre monde en mai 2020, mais toujours, le lien existe. Il suffit de me mettre à pratiquer ou de me placer devant les élèves pour que le lien soit là, sans le chercher, juste parce que c’est ainsi !

Ce lien s’est bâti sur la transmission bien sûr, mais aussi sur l’amitié, la joie de vivre et les relations familiales. Dans les séminaires que nous avons organisés chaque année de 1992 à 2009 pour te faire venir en France, il y avait toujours Yayoï ta femme et vos deux enfants, Zef mon compagnon et nos deux enfants. La plupart du temps après les séminaires nous prenions des vacances ensemble ainsi qu’avec les amis qui organisaient les séminaires en Suisse. C’étaient des moments de partage joyeux, de rire, de pratique et de transmission.

Tout n’a pas toujours été facile. Il m’a fallu comprendre qu’un enseignement traditionnel se fait sans mots, sans explications, sans réponses à des questions et que chercher seule fait partie du chemin.
Il t’a fallu accepter de ne pas être « l’Unique », accepter ma curiosité, mon besoin d’aller voir ailleurs, de tester, de comprendre, d’enrichir mes connaissances auprès d’autres enseignants, d’autres maîtres mais toujours en te restant fidèle et en restant fidèle à ma lignée.

Merci à toi de m’avoir si gentiment et si profondément permis de découvrir le Qi Gong et le Tai Ji Quan. Merci aussi de m’avoir transmis ta connaissance et ton amour des arts internes chinois par un enseignement à la fois riche et profond mais également amical et joyeux. Merci enfin de m’avoir initiée par l’exemple à une façon de percevoir le monde et de s’y insérer sans heurts en acceptant simplement les propositions de la vie.

Tu aimais à dire que Hoshino en Japonais signifie « champs d’étoiles ». Je souhaite que tout là haut parmi les étoiles ton esprit ait trouvé la paix et que ta présence amicale nous éclaire encore pendant de longues années.

 

1988
Jean-Michel Chomet  Enseignant de Qi Gong et d’arts martiaux internes depuis 40 ans.
Directeur avec Laurence Cortadellas de l’école « Zhi Rou Jia ».

J’ai tant appris de toi, sans avoir conscience à quel point je te serais redevable un jour.
Nous étions jeune tous les deux. Tu l’étais encore un peu plus que moi. J’étais toute débutante et je découvrais tout avec enthousiasme. Toi malgré ta jeunesse, tu avais déjà un long parcours dans les arts martiaux et les arts internes.

Avec toi j’ai surtout pratiqué le Tai Ji Quan. Nous nous sommes rencontrés grâce à une amie qui avait ouvert un cours dans la petite ville où j’habitais en Sud Ardèche. Elle cherchait un enseignant pour faire progresser ses élèves, tu habitais Valence, ce n’était pas très loin. Tu venais donc régulièrement pour une journée nous donner un enseignement. A chaque fois j’étais impressionnée par tes connaissances tant en pratique qu’en théorie, par la rigueur de ton enseignement et par la qualité de ta pratique dans laquelle se manifestait une grande puissance d’enracinement à la Terre ce qui n’était pas mon cas à l’époque !
Alors je me suis inscrite à tes stages et j’ai suivi ton enseignement pendant de nombreuses années.

Un jour tu m’as proposé, ainsi qu’à trois autres de tes élèves, de nous recevoir régulièrement pour nous former à l’enseignement. Cette formation a durée deux ans. Je l’ai vécu comme un grand privilège.

La qualité de ta transmission m’imprègne encore aujourd’hui plus de 30 ans après. Par ton enseignement exigeant et structuré tu as grandement participé à la construction des fondations profondes sur lesquelles je m’appuie encore aujourd’hui tant en pratique qu’en pédagogie.

 

1988
Mutsuko Nomura Vit, soigne et enseigne le Seïtai et le Katsugen (mouvement régénérateur) à Maebashi au Japon et en Espagne.
Kunio Nomura  Directeur et professeur d’une école de langues (français, anglais, espagnol) à Maebashi au Japon

Mutsuko, tu es passée dans ma vie comme un rêve initiatique. J’étais encore toute jeune pratiquante, je pratiquais depuis six ans seulement, et sans que je ne cherche rien, tu es arrivée dans ma vie et tu as déposé en moi des trésors. Puis tu t’en es allée vers d’autres personnes.

Chaque année pendant huit ans, Zef mon compagnon et moi avons organisé des séminaires pour vous faire venir en France, toi et ton mari Kunio.
Kunio était également pratiquant de Seïtai et de Katsugen. En tant que professeur de langues il parlait un français courant et avait pour nous le rôle d’interprète. Avec lui, la relation fut immédiatement amicale, simple, spontanée et fraternelle.

Pendant ces séminaires, tu nous faisais découvrir les pratiques créées par Maître Noguchi. Le Katsugen (mouvement régénérateur), pratique proche du Qi Gong et du massage spontané, très puissante pour favoriser l’équilibre entre lâcher prise et contrôle, qui permet de libérer les blocages énergétiques, corporels, spirituels et mentaux. Et le Seïtai pratique de soin qui permet de retrouver l’harmonie naturelle de l’ensemble de la personne, basée à la fois sur l’activation par le Qi de certains points d’acupuncture et sur le mouvement régénérateur.

En dehors des stages, tu m’initiais à la lecture psychocorporelle des gens et des lieux, selon les classifications de Maître Noguchi, ainsi qu’à la perception et l’utilisation de l’énergie dans tous les moments et tous les lieux de la vie quotidienne. La langue n’était pas une barrière car nous nous comprenions au-delà des mots. J’étais très admirative de la puissance de ton esprit et de la liberté de ton corps.

Quand, après ces quelques années, tu es partie initier d’autres personnes, j’avais l’impression d’avoir quitté l’obscurité pour la lumière et j’avais la sensation que toutes les tensions et les peurs m’avaient quittées. J’ai continué ce chemin de lumière avec envers toi et Kunio, un sentiment de gratitude infinie.

 

1990
Thierry Baé Enseignant de Qi Gong et d’arts martiaux internes.
Danseur, musicien.

Être lumineux, presque évanescent et pourtant si présent, si puissant. Posé entre Terre et Ciel dans un bel équilibre stable, tranquille, détendu et souriant. Cependant derrière cette détente fluide, je percevais, sans pouvoir les nommer à l’époque, un Shen puissant et une capacité d’intention explosive, proches de ceux du félin.
Je t’ai rencontré grâce à Jean Michel-Chomet. J’étais toute débutante, j’avais juste quatre années de pratique et j’ai eu la chance de pouvoir faire des stages de Tai Ji Quan avec toi pendant six années.

Par ta qualité de pratiquant, ta qualité d’enseignant, tes explications claires et limpides, par ta connaissance approfondie de la pratique et par ta seule présence, tu as posé des pierres fondatrices sur mon chemin de pratiquante et d’enseignante. Et c’est entre autres sur ces fondations stables, solides et fiables que j’ai pu m’appuyer tout au long de ces années.

 

1991
Yves Réquéna Médecin acupuncteur
Directeur de L’IEQG, enseignant de Qi Gong.
Conférencier.

Je pratiquais le Qi Gong et le Tai Ji Quan depuis cinq ans déjà quand je t’ai rencontré. Et j’ai passé à l’IEQG des années de fête.
Ton enthousiasme communicatif existait pour tout. En premier lieu pour le Qi Gong bien sûr, mais aussi pour la découverte de toutes choses nouvelles, que ce soit une idée, une personne ou une action. Tout était bon à expérimenter, tout était joie et enthousiasme, tout était fête. Même la pratique était une fête. Avec toi les mots anglais « play Qi Gong » qui désignent la pratique, prenaient leur vrai sens.
Tu maîtrises aussi l’art de la découverte et de la relation. Tu es un éclaireur. Que de rencontres passionnantes et instructives tu nous as, tu m’as permis de faire ! Alain Baudet, Peter Moy, Oscar
Salazar …
Et comme tu es également médecin acupuncteur, tu nous transmettais avec passion tes connaissances de la médecine traditionnelle chinoise.

C’est avec le groupe que tu as emmené en 1994 que j’ai découvert la Chine pour la première fois, durant un voyage de trois semaines plein de surprises et de belles rencontres.
C’est toi encore qui m’as aidée à éviter quelques chemins de traverse.
C’est toi enfin qui m’as poussée à enseigner. Et il t’a fallu beaucoup de persuasion car, très timide à l’époque, je n’imaginais pas pouvoir aller dans cette voie-là.

Je te remercie pour tout cela. Je me sens avec toi dans un sentiment de fraternité tant dans la pratique que dans la recherche sur la voie du Tao.

 

1991
Alain Baudet Ostéopathe, enseignant de Qi Gong et de Tai Ji Quan.

J’ai eu la chance de te rencontrer à l’IEQG en 1991 et de t’avoir ensuite comme instructeur pendant cinq années. Tu pratiquais les arts martiaux et les arts internes depuis ta jeunesse et tu enseignais le Qi Gong et le Tai Ji Quan depuis de nombreuses années.
Ta connaissance à la fois sensitive, intuitive et théorique de la pratique des arts internes faisait de toi un enseignant particulier. Tu vivais la pratique profondément mais joyeusement et librement. Je le ressentais et je pouvais m’en inspirer. Plus que m’en inspirer je pouvais, grâce à toi, voir et comprendre ce que signifiait vivre la pratique dans sa profondeur mais avec légèreté, avec fluidité et chacun en fonction de « ce que l’on est ». Tu m’as montré le chemin vers la liberté de la pratique interne et m’as accompagnée un temps sur ce chemin.
J’ai également eu la joie de pouvoir plusieurs fois organiser des stages en Ardèche avec toi afin que mes élèves puissent profiter de ton enseignement.

Tu n’es plus de ce monde. Tu l’as quitté en mars 2013, mais ta pratique est toujours vivante à travers tous tes élèves et à travers tout ce que tu nous as transmis.

 

1992
Oskar Salazar Médecin de l’université de Guadalajara au Mexique et de médecine chinoise, formé à l’université de Beijing.
Enseignant de Qi Gong et de Taoïsme.

Je ne t’ai pas rencontré très souvent Oskar. Peut-être quatre ou cinq fois dans des séminaires de formation organisés par l’IEQG. Mais cela a suffit pour orienter ma pratique et plus tard ma pédagogie.
Après avoir passé de nombreuses années à étudier à l’université de Beijing et dans un monastère des monts Wu Dang, tu avais une connaissance intime et très chinoise de la pratique et de la pensée Taoïste.
Tu nous donnais un enseignement sans concessions et « sans se raconter d’histoires ». Si l’on parlait de Qi, il fallait qu’il y en ait vraiment et si l’on parlait d’enracinement, eh bien ! Il fallait tenir debout sur une poussée ferme qui arrivait par surprise. Ça m’allait bien.

Avec toi j’ai aussi découvert la raison d’être des pratiques longues et tranquilles, sans autre objectif que la pratique elle-même. Tu nous disais souvent « quand on pratique, on n’est pas pressé, on a tout le temps ». Ça m’allait bien aussi.

Tu fais partie des personnes qui m’ont aidé à ressentir mais aussi à comprendre la profondeur et l’ampleur de la pratique interne et qui ont su répondre à mes questions et orienter ma pratique personnelle dans la bonne direction.

 

1992
Peter Moy Vit et enseigne le Qi Gong, le Tai Ji Quan et la méditation Taoïste à Chicago aux USA.

Encore aujourd’hui, 30 ans après, je peux vous le dire, ce fut un cadeau sur mon chemin de pratiquante de vous rencontrer et de pratiquer en votre présence. J’étais encore toute débutante, j’avais seulement sept ans et huit ans de pratique les deux fois où j’ai eu le bonheur de recevoir votre enseignement.

Vous êtes un grand maître et pourtant malgré notre petit niveau vous ne cachiez rien de votre pratique interne lorsque vous pratiquiez avec nous. Nous expliquant que cela ne servait à rien de cacher quoi que ce soit car ceux qui n’avaient pas le niveau pour voir et comprendre ne verraient rien et que pour les autres c’était important de leur montrer. Plus, vous nous expliquiez la théorie énergétique et la pensée Taoïste en des mots très simples mais dont la profondeur se révèle encore aujourd’hui.

Je ne connais pas l’expression chinoise pour dire que la seule présence d’un maître peut modifier le cours d’une vie. En Inde on parle de Darshan. C’est ce qui s’est passé pour moi. Votre présence lumineuse et spirituelle et le très haut niveau de votre pratique m’habite encore aujourd’hui comme un chemin éclairé que je peux découvrir et parcourir à mon propre rythme.

 

1994
Rinnie Tang Lettrée chinoise, responsable du département « Asie » au Muséum National d’Histoire Naturelle.
Peintre et enseignante de peinture et calligraphie chinoise.
Pratiquante et enseignante d’arts internes : Qi Gong et Tai Ji Quan.

Tu es chère à mon cœur Rinnie car tu as été pour moi plus qu’une enseignante, tu as en quelque sorte pendant un temps fait partie de notre vie. Tu m’as appris à me connaitre et à m’accepter pour ce que je suis et à connaitre et accepter les autres pour ce qu’ils sont.
Et tu nous as permis de comprendre intimement ce que sont l’éducation et la vie d’une lettrée chinoise. Tous les domaines des « Arts » t’étaient connus : les arts du pinceau bien sûr : la peinture et la calligraphie mais également la poésie, la musique, l’art du thé, les arts corporels : le Tai Ji Quan, le Qi Gong, l’épée, l’éventail. Tu avais une connaissance fine des textes classiques et par ta connaissance de la lecture psycho-corporelle des gens, tu pouvais décrypter avec précision toute personne que tu rencontrais.

Pendant neuf ans, Zef et moi, avons organisé chez nous, plusieurs fois par an, des séjours de trois à cinq jours pendant lesquels tu nous enseignais ainsi qu’à quelques amis, la peinture, la calligraphie, le Qi Gong et la vie.

Derrière ton petit corps fluet il y avait une volonté de fer et une énergie sans faille capable d’abattre des montagnes. Derrière ton regard rieur il y avait une qualité de vision qui percevait tout clairement et qui lisait tout dans les moindres détails. Et derrière ta petite voix douce il y avait une enseignante exigeante qui savait exactement où elle voulait emmener ses élèves mais qui avait la patience des félins et qui connaissait parfaitement la voie de l’eau : contourner ou remplir pour pouvoir continuer à avancer vers l’objectif qu’elle s’est fixé.

Tu nous as instruits avec patience, persévérance, bienveillance, générosité et savoir-faire pendant toutes ces années et aujourd’hui encore tes qualités personnelles inspirent mon quotidien.

 

1994
Chen Wei Médecin de MTC, masseur et soignant par émission de Qi
Enseignant d’arts martiaux et d’arts internes dont le Qi Gong et le Tai Ji Quan.

Je vous ai rencontré en 1994 à Pékin lors d’un voyage en Chine durant lequel nous avons passé quelques jours dans votre petit dispensaire. Vous n’avez donc pas été un de mes enseignants mais vous avez si grandement marqué mon parcours dans la voie du Qi que vous avez naturellement votre place dans ces pages de gratitude.

Je pratiquais depuis huit ans et je commençais à avoir une perception de l’énergie et une idée de ce que pouvait être le Qi et de son efficacité. Mais lorsque je vous ai vu soigner, j’ai compris tout le chemin qu’il me restait encore à parcourir, j’ai compris aussi, là où je ne pourrais jamais aller.

Votre dispensaire se trouvait dans un quartier pauvre de Pékin. C’était un lieu agréable et chaleureux organisé autour d’un petit jardin. Les patients venaient avec leur famille et ils vous payaient avec un panier garni, quand ils le pouvaient. Vous les receviez tous en même temps dans une grande pièce et chacun recevait le traitement, (massages, aiguilles, soin par le Qi) et les conseils particuliers (en phytothérapie ou en diététique) dont il ou elle avait besoin.

Mais ce qui a marqué ma vie à tout jamais, c’est votre efficacité dans le soin par le Qi. Aucune pathologie, même complexe, ne semblait pouvoir résister à votre capacité de soignant. Ni une fracture du tibia que vous avez réparée devant nous en quelques minutes, ni une allergie de naissance à l’œuf d’un de mes collègues de voyage, pas même l’hémiplégie consécutive à la chute d’un toit, d’un autre collègue qui voyageait avec moi.

Vous avez essayé de nous faire ressentir ce que le Qi était pour vous. Vous nous avez donné des techniques pour que nous puissions le développer en nous. J’étais trop jeune pratiquante à l’époque, je n’ai pas pu en profiter vraiment.
Mais vous aviez semé une graine que j’ai essayé de faire pousser par la suite. J’ai même essayé de vous retrouver en 2000 lorsque je suis retourné en Chine, seule cette fois. Vous aviez disparu. A la place du dispensaire il y avait de grands immeubles flambants neufs …

 

2000
Chai Jian Yu Médecin et directeur de l’institut de recherche de soin par le Qi et le Qi Gong de l’université de médecine de Shanghai.
Enseignant de Qi Gong et d’arts internes.

Puissance énergétique, puissance physique, puissance de l’esprit, puissance du regard, puissance de la présence, puissance du soin par le Qi, tout chez vous exprimait un niveau énergétique hors norme, ainsi qu’une capacité d’attention et une capacité d’intention très élevées.

J’ai eu le privilège de vous rencontrer et de recevoir chaque jour pendant trois mois, en individuel, votre enseignement à la fois bienveillant et très exigeant. Vous avez su avec beaucoup de sollicitude mais sans jamais lâcher votre objectif, m’aider à « gravir la montagne ». C’est-à-dire m’accompagner dans la découverte et la mise en place de ma propre puissance énergétique et dans le développement de ma capacité d’attention et d’intention.
J’ai également eu le privilège d’être digne de votre confiance, au point de me voir confier votre pratique personnelle, pratique de Nei Dan puissante, que je pratique toujours avec beaucoup de bonheur et beaucoup de gratitude et que je transmets parfois à certains élèves.

Nous avons cheminé ensemble pendant dix années et chaque fois, lorsque je retournais vous voir en Chine avec mes élèves je vous retrouvais, tel un roc, puissant et solitaire sur lequel je pouvais compter sans failles pour continuer à progresser dans la voie du Qi et du Qi Gong.

 

2000
Wang Jian Hua Médecin et masseur de l’institut de recherche de soin par le Qi et le Qi Gong de l’université de médecine de Shanghai.
Enseignant de Qi Gong et d’arts internes.

Dr Wang, vous êtes pour moi beaucoup plus qu’un enseignant. Nous sommes des amis de cœur.
Il a suffi que nos regards se croisent un instant à l’institut de recherche, pour que tous les deux, nous le sachions. Alors spontanément les barrières de la culture comme de la langue sont tombées et j’ai reçu de votre part, chaque jour pendant trois mois un enseignement direct en massage Tui Na et en massage spontané. Peu de mots ont été nécessaires. Nous massions à quatre mains le même patient. Quand je ne m’y prenais pas suffisamment bien, vous me faisiez ressentir ce que je devais faire en me massant, et je reproduisais en même temps sur le patient ce que je ressentais. Nous étions donc toujours à quatre mains.
Puis, chaque année pendant 10 ans je suis revenue vers vous avec mes élèves et vous avez continué à m’instruire et à instruire les élèves tant en Qi Gong, qu’en massage et Qi Gong spontané. A chaque rencontre je retrouvais la même complicité joyeuse, la même douceur, la même attention et le même sourire derrière vos lunettes.

Avec vous le Qi était partout, toujours, disponible à chaque instant, dans chaque massage, dans chaque mouvement, dans chaque relation, dans chaque regard. Vous lisiez chaque personne comme un livre ouvert et, avec cette gentillesse qui vous était propre, vos mains tellement habiles, efficaces et puissantes, allaient où il fallait pour remettre de l’harmonie là où il y avait du désordre.

Avec vous j’ai aussi retrouvé la pratique du Qi Gong spontané et du massage spontané que j’avais découvert avec Mutsuko neuf ans auparavant. Et grâce à votre connaissance fine de cette technique, à votre puissance énergétique et à mes progrès durant toutes ces années, j’ai pu aller encore beaucoup plus avant dans la pratique et dans la compréhension de cette méthode tellement efficace pour libérer les blocages corporels, énergétique et mentaux.

Comme notre rencontre qui a été tellement évidente, votre présence dans ma vie, dans ma pratique et dans mon cœur, à travers l’espace et le temps l’est également.

 

2000
Dong Miao Cheng  Médecin de l’institut de recherche de soin par le Qi et le Qi Gong de l’université de médecine de Shanghai.
Enseignant de Qi Gong et d’arts internes.

Lorsque nous nous sommes rencontrés, vous étiez un des médecins et un des « piliers » de l’institut de recherche et durant les trois mois de mon séjour à Shanghai cette année-là, j’ai passé une matinée par semaine à vous regarder soigner. Vous étiez spécialiste du soin par le Qi et par le Qi Gong spontané, c’est donc vous qui aviez à traiter les cas les plus graves de l’institut.

Et pendant toutes ces matinées passées avec vous, j’ai appris à « voir ». A voir le Qi lui-même tant votre capacité énergétique était grande et précise, à voir comment vous émettiez le Qi pour, par exemple, sécher une hernie discale ou pour aider une personne atteinte de cancer à rentrer en Qi Gong spontané afin d’aider les traitements. J’ai aussi appris à voir, quand et comment au contraire, vous enleviez du Qi ou vous le déplaciez pour traiter certaines pathologies de plénitudes.

Nous n’avons pas échangé beaucoup de paroles durant ces matinées mais par votre attitude bienveillante, vos indications gestuelles et votre compétence, vous avez su éveiller ma capacité à « voir ».

 

A mes élèves
Pourquoi les élèves dans une page d’hommage à des enseignants ?
L’enseignement comme l’éducation, contrairement à ce que l’on pense parfois, ne sont pas des activités verticales, mais des échanges horizontaux et réciproques. Et si, bien sûr, nous transmettons à nos élèves les pratiques que nous ont appris nos enseignants, nous leurs transmettons également ce que nous sommes, et nos élèves en retour nous transmettent ce qu’ils et elles sont.

D’autre part, tout bon enseignant ayant à cœur de faire progresser ses élèves et de les amener vers l’autonomie, va pratiquer, chercher et continuer à se former afin de pouvoir donner le meilleur de lui-même et avoir les bons outils pour les aider à progresser.

Un grand merci donc à tous les élèves que depuis 1992 j’ai eu le plaisir de rencontrer en cours hebdomadaires, en ateliers, en stages, en individuel, en séminaires de formation ou en voyages. Chacun, chacune à sa façon, m’a permis de progresser dans ma pratique, dans ma pédagogie, dans mon relationnel et dans ma vie. Certains sont devenus des collaborateurs, d’autres des amis et la plupart sont partis vivre leur vie. Mais tous ont participé à me faire avancer dans la voie de l’enseignement et dans la voie du Qi.
Qu’ils et elles en soient ici grandement remerciés.